Pourquoi l'amour est si compliqué m'a demandé Brad, devant notre quatrième verre de vin et ma magnifique banane flambée. C'est souvent comme ça, quand Brad veut me faire part de ses états d'âme nous allons au japonais sur Jean-Talon aux banquettes roses en plastiques ringards et nous discutons jusqu'à ce que le sommeil nous tire à la porte ou jusqu'à ce que les serveurs montent les chaises sur les tables et changent la musique kitch asiatique pour du vieux Bon Jovi. Mais ce soir avec cette délectable assiette entre les mains, sa question avait le même impact de Kyoto sur les conservateurs (un je-m'en-foutisme absolut). J'étais beaucoup trop concentrée à mastiquer ma pâte pleine de sucre et à mon petit plaisir personnel que de sortir la psychanalyste a cinq sous en moi pour aider mon copain dans sa crise existentielle.
- Mais pourquoi ça fait si mal, insista-t-il? .... He... mal ouais... mais ça fait du bien quand même, de temps en temps, non? et les petits papillons, ça compense d'une certaine façon pour le trouble que ça donne ensuite, sinon personne ne tomberait en amour? (tiens vlan dans les dents, je vais pouvoir continuer mon bonheur)
Je ne suis pas d'accord a t'il renchérie par un large soupir en cherchant ma compréhension....
Ouais, bon tu viens juste de terminer une relation, alors pourquoi t'essaierais pas d'oublier Mademoiselle D par une autre? Tiens, pourquoi ne pas t’ouvrir quelques dossiers et d’y apposer l’étiquette amusement ? Et si tu arrêtais de chercher pendant quelque temps et que tu vivais seul? L'idée d'être seul, ne semblait pas du tout réjouir mon copain et même si a serveuse venait royalement de se planter avec deux tasses de thé derrière le bar offrant aux jeunes messieurs sur les banquettes un spectacle de genre « wet hot t-shirt gratuit», Brad revenait sans cesse sur ses questions sans signaler aucun signe d’intérêt au show qui se produisait devant nous.
- Mais pourquoi ça fait si mal, insista-t-il? .... He... mal ouais... mais ça fait du bien quand même, de temps en temps, non? et les petits papillons, ça compense d'une certaine façon pour le trouble que ça donne ensuite, sinon personne ne tomberait en amour? (tiens vlan dans les dents, je vais pouvoir continuer mon bonheur)
Je ne suis pas d'accord a t'il renchérie par un large soupir en cherchant ma compréhension....
Ouais, bon tu viens juste de terminer une relation, alors pourquoi t'essaierais pas d'oublier Mademoiselle D par une autre? Tiens, pourquoi ne pas t’ouvrir quelques dossiers et d’y apposer l’étiquette amusement ? Et si tu arrêtais de chercher pendant quelque temps et que tu vivais seul? L'idée d'être seul, ne semblait pas du tout réjouir mon copain et même si a serveuse venait royalement de se planter avec deux tasses de thé derrière le bar offrant aux jeunes messieurs sur les banquettes un spectacle de genre « wet hot t-shirt gratuit», Brad revenait sans cesse sur ses questions sans signaler aucun signe d’intérêt au show qui se produisait devant nous.
Plus je mastiquais, plus je me questionnais et plus ma banane perdait subitement de l’intérêt À bien y penser, je crois que Brad en est au syndrome de beaucoup de jeunes de notre génération, celui qu’on qualifie « les poupées russes ». Il est à la recherche de cette dernière et minuscule petite poupée qui sera à jamais l'amour de sa vie, tout comme les personnages du film de Klapish. Petit à petit, il ouvre ses boîtes, en souhaitant arriver à la plus petite, mais la plus précieuse. Toutefois, s’il en restait d’autres... mais s’il venait de manquer la bonne? Perdre sa chance ou continuer? Une quête effrénée de l’âme soeur qui ne semble jamais se terminer. Brad venait de mettre le doigt sur un énorme vacuum, ayant pour cause la trentaine, la recherche d’une vie parfaite, d’un emploi parfait et du couple parfait et qui s’exprime justement par trop d’interrogations et qui gâche malheureusement les bananes flambées.