vendredi, janvier 01, 2010

L'invitation



Je ne me souviens pas pourquoi j’ai accepté l’invitation, est-ce par gentillesse pour Brad ou tout simplement parce que je n’avais pas envie d’être seul dans mon petit quatre et demi avec mon chum qui retournait en France. Chez moi ça schlinguait la rupture à plein nez, l’arsenal de bagages dans l’entrée en faisait l’apothéose. Fêter, cette nouvelle année me rappelait, douloureusement le célibat qui s’en venait, je n’avais tout simplement pas d’énergie pour affronter ce nouveau départ une fois de plus, car je sentais bien que celui-ci était le dernier pour nous deux. Je me rappelle vaguement qu’une fois chez Brad, je me suis mordu la langue à plusieurs reprises pour ne pas dire à sa copine ses quatre vérités, parfois nos amis sortent avec des imbéciles, c’est comme ça... On est tout l’idiot d’un autre… elle, après les conservateurs, me donnait ration pour l’année.  À un certain moment j’ai décidé d’aller prendre une marche, car j’en avais mare, est-ce les subjugations de l’alcool qui montait en flèche à mon cerveau ou la Barbie de 22 ans de mon pote qui me posait trop de questions, n’empêche que j’avais gravement besoin d’air et acheter une peinte de lait devenait l’alibi parfait.
Dehors, l’air glacial qui entrait  à pleine intensité par mes poumons. Le sang dans mes veines transportait la douceur de l’alcool et mes tempes vibraient comme des tambours... bou boum bou boum... L’hiver soufflait sur moi sa fraîcheur et sa cruauté.
 Après quelques minutes, debout et immobile  je fixais le marché Jean Talon. J’adore cet endroit, peut importe la saison, il y a un côté reposant… même quand il est vide on sent l’empreinte et l’énergie de la journée vibrer entre ses mures, de loin, on y entend les marchants crier « qui veut des pétacles », « des bonnes pommes du pays »… Ici ça sent la verdure à plein nez, pas besoin de ticket, c’est un voyage aux îles de la Madeleine et au Saguenay en passant par Charlevoix à l’Ile d’Orléans sans bouger.
J’étais enfin seule et libre dans ma bulle onirique. Insensible au vent, infiniment heureuse de vivre ces quelques minutes d’abandon en tout exil. La neige folle dansait devant mes yeux. Je pense que ma consommation d’alcool venait d’atteindre son apogée, car les lumières se sont mises à vaciller . C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que je fixais le stand à sapin de Noel depuis un bon moment, j’ai pris mon cellulaire avec le peu de dextérité qu’il me restait pour regarder l’heure, jusqu’à ce que je sente une mitaine taper sur mon épaule… — Tu cherches un sapin? C’était l’agent de sécurité qui me faisait des signes avec sa lampe de poche depuis plusieurs minutes…
« Nenon meuchieu l’agent, ch’faijais juchte prende mes meschages chur mon téléphoune, pis m’en va  là, babye meuchieu l’agent... bonnneyané!» .
Avec toutes ces émotions mélangées, j’ai commencé à me sentir un peu mal. J’avais la tête qui tournait, je voyais plus très bien devant moi, j’ai laissé faire mon instinct  et je suis rentrée au bercail. J’étais sur le point de perdre connaissance et de me transformer en popsicle quand j’ai reconnu la porte .
Brad est arrivé de nulle part sur le balcon et a tout de suite pris mon manteau et m’a engueulé, mais qu’est-ce que tu foutais, on t’attend pour prendre le dessert depuis 40 minutes… à regarder la givre sur mes mains et le rictus de mon chum, je me suis dis… ça doit faire on sacré bout que je suis partie… Brad m’a poussé au salon à grands coups de pied dans l’cul, m’accrochant un verre de bulles entre les mains, allez, prends ça, ça va te remonter, à ce moment Barbie à crié : pis, elle est où la peinte de lait? j’ai fixé Brad, je crois que tous les deux on s’est compris:. pas grave... 2009 est là pour se reprendre...Allez bonne année!


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